L’architecte, Pieter Huyssens

Pieter Huyssens (Bruges, 1577-1637)

Ce fils d’influent maçon brugeois entre à vingt cinq ans dans la Compagnie de Jésus comme frère. Il y apparaît assez rapidement en tant que maître (ainsi désigné en 1603) spécialisé dans la construction. Il sera réputé architectus en 1613 et ingeniair en 1629. En 1615, des textes jésuites d’Anvers disent de lui : Talento : ad architectonicam et pleraque officia coadiutorum (« quant aux talents : collaborateur – en l’occurrence du recteur Aguilon – en architecture et divers services »).
Il entame sa carrière d’architecte par l’édification pour l’ordre S.J. de l’église de Maastricht (1606 sv.), puis et surtout de celle d’Anvers où il réside dès 1613 et dont il dessine en tout cas la célèbre tour. Peut-être participe-t-il également à la réalisation de Bruxelles aux côtés de Jacques Francart (1616 sv.). Il poursuit par la construction des églises fort semblables de Bruges (1619 sv.) et de Namur (1621 sv.).
Quatre ans plus tard toutefois, le provincial le démet de ses fonctions en raison de « son penchant pour le luxe » et les matériaux coûteux, qui va à l’encontre des préceptes de pauvreté et de simplicité religieuses. Huyssens est assigné à résidence dans sa ville natale. Mais l’impératrice Isabelle intercède en sa faveur, l’engage à Bruxelles et favorise son voyage à Rome en 1626-1627. De retour à Bruges où il est réintégré, Huyssens achève l’église du lieu et commence en 1629 celle des bénédictins de Saint-Pierre à Gand. Il assure aussi, dit-on, la conception d’autres temples jésuites (Ypres, etc.). Plusieurs plans originaux de sa main sont conservés dans les archives.
Comme souvent à l’époque chez les jésuites, l’architecte auteur de projet ne suit pas tous les travaux sur place. En somme, il délègue ses pouvoirs à des praefectus fabricae ou contremaîtres locaux qui surveillent l’exécution sur le terrain. Il en est ainsi à Namur où Huyssens sera tout au long du chantier « représenté » et secondé, successivement par les frères Quirin Huart, Léon del Carpenterie et Henri Manigart.

 

Extrait de : « Olivier BERCKMANS et Luc Francis GENICOT, l’église St-Loup et l’athénée royal de Namur. L’ancienne église Saint-Ignace et le collège des jésuites, éd. Ville de Namur, Namur, s.d. (vers 2001).