Les jésuites

La Compagnie

Fondée en 1540 et placée sous le gouvernement strict du « général », établi à Rome, la Compagnie prône l’idéal évangélique et se revendique comme un ordre pauvre, refusant le luxe et l’ostentation. Elle dispense la Parole, organise la catéchèse, monte des pièces et des concerts, et propage l’éducation de la jeunesse via l’enseignement des « humanités gréco-latines » qui sont nourries de la culture de la renaissance contemporaine. Dans cette optique générale, elle met sur pied des missions, parfois lointaines, entre autres en Chine. Chaque père pratique au quotidien les « exercices spirituels » prescrits, comme les a composés Ignace de Loyola en 1548, notamment dans la méditation individuelle. Néanmoins, les jésuites, adeptes intelligents d’un pragmatisme efficace Ad maiorem dei gloriam (AMDG), vont rapidement développer une « culture du spectacle », qui (dé)montre et illustre pour amener à croire. Ils sont partisans d’une rhétorique, à tous égards, qui puisse convaincre et exalter, et qui sache agir sur l’âme des fidèles. Aussi bien adopteront-ils volontiers la manière baroque de nos provinces. Au décès d’Ignace de Loyola an 1556, l’ordre compte déjà une petite quarantaine d’établissements pédagogiques dans le monde. En 1640, nos régions comportent 43 maisons, réparties en deux provinces linguistiques, dont le plus ancien collège s’ouvre à Tournai en  1562.

Déclin

Les démêlés politico-culturels du XVIIIe siècle, spécialement entre France et Espagne, vont être défavorables aux jésuites. On leur reproche également une tournure d’esprit particulière, ainsi qu’un rôle quelque fois trop influent dans les sphères ou les allées du pouvoir; et d’aucuns critiquent aussi leur enseignement « sclérosé » vis-à-vis de l’encyclopédie nouvelle des Lumières. Si bien qu’en 1773, après le pape, l’impératrice Marie-Thérèse supprime carrément l’ordre chez nous.
A cette date, l’église de Namur, jusque là dédiée à saint Ignace, étant bel et bien fermée, on y transfère le titre paroissial de Saint-Loup, qui était celui d’une églisette jadis située avec son cimetière devant la tour de Saint-Jean-Baptiste, sur l’actuelle place du Marché aux Légumes.

 

Extrait de : « Olivier BERCKMANS et Luc Francis GENICOT, l’église St-Loup et l’athénée royal de Namur. L’ancienne église Saint-Ignace et le collège des jésuites, éd. Ville de Namur, Namur, s.d. (vers 2001).