Restaurations

La construction de l’église s’étala sur quelque 24 ans et rencontra de nombreuses difficultés de chantier, notamment financières. Sa restauration connut les mêmes aléas. Un édifice de près de 400 ans a évidemment subi des travaux de maintenance et de restauration au cours des siècles. Il serait intéressant de poursuivre le dépouillement de toutes les archives à ce sujet. On connait les difficultés rencontrées à toutes les époques pour assurer le financement de tels travaux, parfois trop longtemps postposés.

Quelques grands moments d’intervention ont marqué l’édifice au cours de ces deux derniers siècles.

D’une part, en 1864-1867, l’important chantier de la reconstruction de la façade principale fut l’objet de débats sur la philosophie d’intervention, débats bien inscrits dans cette époque, où les options de restauration s’opposèrent à celles de la reconstruction à l’identique.

D’autre part, au XXe siècle, après un délabrement progressif de tout l’édifice, la longue restauration de l’édifice fut menée par phases successives entre 1979 et 2012. Dès 1932, la Commission des monuments signale au Gouverneur de la Province l’état d’abandon dans lequel est laissée l’église Saint-Loup. En 1970, Jean Lalière, architecte restaurateur et membre correspondant de cette même Commission, parle de situation désastreuse, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Une chute de pierre en 1970 sera l’élément catalyseur de l’importante restauration actuelle, dont les premières études furent d’ailleurs confiées à Jean Lalière. En 1977, l’architecte Francis Bonaert, qui fut associé à Jean Lalière pour ce chantier, dépose un cahier des charges. L’architecte Baudouin Libbrecht lui succédera en 1997. L’entreprise Foulon, de Liège, est désignée adjudicataire. Les travaux débuteront en 1979. Ils toucheront tant le gros œuvre extérieur (murs, toitures) que la restauration des composantes principales de l’intérieur : voûtes, marbres, peintures, mobilier baroque, stucs et lambris de la sacristie. Cette restauration fut menée avec beaucoup de difficultés de tous ordres. Malgré tous ces écueils, on peut considérer que la réouverture de l’église Saint-Loup, après plus de 30 ans de travaux, est un vrai miracle !

Ce lieu nous est aujourd’hui rendu au ravissement, tant par son architecture que par son mobilier intérieur, témoin d’une exceptionnelle unité baroque. La restauration de ses toiles et de ses sculptures, inhérentes à l’ensemble, devront encore venir compléter sa majestueuse scénographie.

L’église, bien que fermée pendant ce long chantier de restauration, n’a jamais été désacralisée. Elle ne forme qu’une seule paroisse avec Saint-Jean-Baptiste, petite église d’origine gothique imbriquée dans le tissu urbain du Marché aux Légumes tout proche.

Avant les travaux, Saint-Loup assurait déjà une fonction culturelle associée à son affectation cultuelle première. Aujourd’hui, plus que jamais, ces deux pôles doivent s’épauler.

 

 

 

Extrait de Thérèse CORTEMBOS, Sophie DENOEL, Alain de WINIWARTER et Robert LAMBERT, L’église Saint-Loup à Namur, Carnets du Patrimoine n°125, éd. Institut du patrimoine wallon, 2014.