Le mobilier baroque

Le Concile de Trente (1545-1563), auquel les jésuites prennent une part active comme théologiens, met un accent particulier sur les sacrements de l’eucharistie et de la confession. Ainsi pour les valoriser, deux nouveaux types de meuble vont être créés. D’abord, le banc de communion, dressé à l’ancienne place du jubé pour rapprocher les fidèles de l’autel ; ensuite le confessionnal, multiplié le long des murs des basses-nefs. Pour soutenir la ferveur populaire, on installe musiciens et chanteurs dans une tribune au-dessus de l’entrée. Le prédicateur, lui, clamera la bonne parole au milieu de la grande nef, dans une chaire toujours plus monumentale. Le mot d’ordre est aussi, on le sait, toucher les âmes par la prolifération des images pieuses, sculptées ou peintes, et par la somptuosité du décor. A Saint-Loup, le spectacle, baroque, est total et enveloppant ; le mobilier tout entier entonne le même hymne que l’architecture : Ad maiorem Dei gloriam

Les autels

Dans l’axe de chaque nef, un autel à portique arbore des colonnes corinthiennes jumelles sous un fronton brisé et une niche aux contours mouvementés.

Les deux autels latéraux particulièrement soignés – celui de gauche est consacré à Notre-Dame de la Consolation, l’autre aux saints Ignace et François-Xavier – sont finement sculptés dans les marbres noirs et blancs (Dinant et Carrare) ; ils sont datés respectivement de 1649 et 1677.

Le maître-autel, quant à lui, sans doute par raison d’économie, est en chêne peint imitant les marbres rouges et noirs. Il a été monté vers 1661 d’après le modèle anversois de Saint-Charles Borromée (1621).

Les trois meubles ont été modifiés au début du XIXe siècle. Leurs toiles peintes par le frère Nicolaï ont fait place à de grandes niches au-dessus de nouveaux tabernacles et antependia. Le Christ en bois de l’autel central est remarquable : du XVIe siècle, il provient sans doute de l’ancienne église Saint-Loup (Marché aux Légumes).

Les confessionnaux

Avant le Concile de Trente, le prêtre entendait la confession dans une stalle du chœur. Pour rendre ce sacrement plus secret, on verra désormais se dresser une cloison ajourée entre le prêtre et le fidèle, puis le premier s’enfermera dans une véritable alcôve. Le meuble tel qu’on le connaît aujourd’hui ne s’imposera cependant chez nous qu’après le Concile de Malines en 1607. Contrairement à d’autres sanctuaires du XVIIe siècle, les confessionnaux de Saint-Loup – bâtis comme de petits arcs de triomphe à colonnes corinthiennes – ne forment pas une sculpture en soi. La structure du meuble reste prédominante malgré l’habillage plus ou moins prolifique et délié de reliefs géométriques ou figuratifs, ces derniers censés mener l’âme de l’angoisse du péché à la joie du salut. Au registre de la joie, épinglons deux motifs récurrents : le raisin de la Communion et la rose mariale. Trois groupes se partagent nos dix confessionnaux.

  • Le premier, qui en compte quatre, se rattache notamment par son décor encore quelque peu Renaissant, aux stalles de l’abbatiale de Floreffe (sculpteur Enderlin, avant 1651).
  • Le second – quatre meubles – présente des colonnes torses et des angelots en ronde-bosse dans un décor plus généreux à la mode anversoise. Ils pourraient dater des années 1660-1670.
  • Les meubles du dernier groupe, s’ils reprennent la torsade des colonnes précédentes, appartiennent clairement au style Louis XIV. Plus calmes et majestueux, ornés de rocailles et d’entrelacs symétriques, ainsi que de lambrequins, ils doivent remonter à la première moitié du XVIIIe siècle.

Le banc de communion

Le banc de communion en chêne clôture le chœur en une ligne droite. Il aligne 24 compartiments séparés par des consoles. A la mode de Francart, rinceaux, guirlandes florales, masques, êtres hybrides et bien sûr putti animent les cartouches du soubassement sous une belle enfilade de balustres à feuilles d’acanthe. Quelques cartouches présentent une petite scène allégorique : deux angelots, par exemple, chevauchent un aigle, évoquant le triomphe de l’Eglise. Le meuble présente, sur le plan stylistique, une grande analogie avec les plus anciens confessionnaux de l’église. Date-t-il aussi des années 1655?

la chaire à prêcher

Adossée à une colonne à droite de la nef principale, l’imposante chaire, en chêne, est l’œuvre du sculpteur dinantais Benjamin Devigne. Elle est signée et datée de 1876 sur sa base à droite. Elle adopte dans ses motifs décoratifs le style néo-baroque afin de s’intégrer à l’ensemble du mobilier ancien. Un groupe sculpté sur le thème « Laissez venir à moi les petits enfants », plus académique, occupe le pied de la chaire.

 

Extrait de : « Olivier BERCKMANS et Luc Francis GENICOT, l’église St-Loup et l’athénée royal de Namur. L’ancienne église Saint-Ignace et le collège des jésuites, éd. Ville de Namur, Namur, s.d. (vers 2001).